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CHAPITRE VI
CHARLEMAGNE ET LES SAXONS

Les deux Germanies.

Au huitième siècle, il y avait deux Germanies : ou plutôt le travail des siècles précédents n’avait servi qu’à mettre en présence sur deux territoires distincts, pour une lutte plus formidable que jamais, les deux génies opposés qui remplissent de leurs combats l’histoire des nations germaniques. Dès les-premiers temps, nous avons reconnu ce qu’il y avait de contradictions chez ces peuples, dont la moitié s’attache au sol par les religions, par les institutions, par les moeurs sédentaires ; tandis que l’autre moitié ne supporte rien de ce qui fixe les hommes, ne trouve de satisfaction que dans les hasards de la vie errante et dans la guerre de tous contre tous. Plus tard, la civilisation romaine les atteint, mais pour les diviser. Si les uns sont touchés de ses lumières, les autres ont horreur de ses lois ; et l’empire ne se défend plus que par l’épée des Germains,-quand d’autres Germains achèvent sa ruine. Les invasions rendent la division plus