se montra satisfaite de la loyauté de son mandataire. Elle ne crut pas avoir assez fait de lui décerner des titres, de lui dresser des statues : elle permit plus tard qu’il fût honoré du culte des saints ; et ce fut lui qu’elle proposa, comme le type glorieux de la souveraineté chrétienne, à l’imitation des rois. La mission religieuse de Charlemagne, aussi bien que celle de saint Boniface, émane donc de la papauté. L’un parut chez les Francs comme la parole vivante du siége apostolique l’autre, comme la main armée pour protéger la parole tous deux prenant à Rome le pouvoir, mais tous deux Germains par le génie comme par le sang[1].
Tandis que l’Église d’Allemagne s’affermissait au dedans, elle avait besoin d’être défendue au le dehors. La Germanie païenne se tenait toujours en armes les incursions, les meurtres, les incendies, désolaient la frontière. Il fallait donc que les Francs en vinssent aux mains avec les Saxons, et qu’ils restassent maîtres pour rester en repos.
- ↑ Epistol. XXXIV, Hadriani pp. ad Carolum M. « Quae de omnibus ecclesiis fas habeat judicandi, neque cuiquam liceat de ejus udicare judicio. » Cf.Epistol. XL. L’idée d’une légation ecclésiastique, conférée à un prince laïque, n’a rien de contraire à la tradition de l’Eglise. Les rois des Deux-Siciles ont été et sont encore légats du saint-siége dans leurs États, et, en cette qualité, ils ont un trône en face de celui de l’archevêque dans l’église de Montréal. Je trouve encore cette formule dans un capitulaire de 805 : « Apostolica auctoritate et multorum sanctorum episcoporum admonitione instructi ».