Seconde période de la guerre. Wittinkind.778-785
Au moment où les Saxons semblaient se résigner à la conquête, ils firent le dernier effort que la liberté pût arracher à des barbares et, pour combattre encore une fois, ils se disciplinèrent. Les forces divisées se réunirent ; ces hommes, qui n’avaient que la passion des armes, obéirent à un chef qui en savait le métier. L’apparition de Wittikind ouvrit la seconde période de la guerre, et donna un adversaire à Charlemagne. Seul de tous les chefs, il n’avait rien juré mais, suivi de quelques-uns des siens, il s’était retiré auprès de Siegfried, prince des Danois. C’était la qu’il attendait un temps meilleur, quand le bruit de la défaite de Roncevaux se répandit dans le Nord ; on ajoutait que Charlemagne avait péri avec ses preux au pied des Pyrénées. Alors Wittikind se montra en Saxe, souleva les tribus, prêta à leurs efforts l’unité d’un grand dessein, et leur assura l’alliance des peuples de la Frise et du Danemark. Les barbares se jetèrent sur la Hesse et la Thuringe, brûlant les manoirs et les églises, portant partout le pillage et la mort. Les religieux de Fulde, qui virent de loin les flammes, chargèrent sur leurs épaules la châsse de leur père saint Boniface, sortirent du monastère, et allèrent camper à deux journées de distance, vers le sud. L’invasion s’étendit sur la rive gauche
Gens alium naturali-plus nobilitate
Insignem, qui praecipue redimitus abundat
Fontibus et nitidis et pluribus, et trahit inde
Barbaricae nomen linguae sermone vetustum.