Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/293

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de bois blanc, humble don pour d’humbles vers[1]. Liudger travailla sept ans, au bout desquels Wittikind ayant soulevé les Saxons, les païens se jetèrent dans la Frise et chassèrent les prédicateurs de la foi. Alors Liudger se rendit à Rome, puis au mont Cassin, où il s’arrêta pour étudier la règle de saint Benoît et la rapporter parmi les moines de sa province. A son retour, le roi Charles, qui venait de vaincre les barbares, le chargea d’évangéliser les cinq cantons de la Frise orientale. Liudger les parcourut, renversant les idoles et annonçant le vrai Dieu. Ensuite, ayant passé dans l’île de Fositeland, il détruisit les temples qui en faisaient un lieu vénéré des nations du Nord, et baptisa les habitants dans l’eau d’une fontaine qu’ils avaient adorée. Vers ce temps-là, comme il voyageait de village en village, et qu’un jour il avait reçu l’hospitalité d’une noble dame, pendant qu’il mangeait avec ses disciples, on lui présenta un aveugle nommé Bernlef, que les gens du pays aimaient, parce qu’il savait bien chanter les récits des anciens temps et les combats des rois. Le serviteur de Dieu le pria de se trouver le lendemain en un lieu qu’il lui

  1. Vita apud Bolland. et Pertz, Il. 407 :

    Frater amore Dei cognato dulcior annis,
    Liudger amate mihi, Christi te gratia salvet.
    Vive tuae gentis Frisonum clara columna,
    In precibus tuis commendes, quaeso, Tonnanti,
    His brevibus vatem qui te laudavist in odis,
    Cui teretis baculi tali pro carmine donum
    Munificus tribuas ; fors haec mercedula vati
    Concordat modico : felix sine fine valeto.