La foi avait réparé les torts de la guerre elle poursuivit sa mission pacifique ; elle y mit un siècle, et sembla l’avoir achevée. La Saxe, ébranlée par les efforts d’un clergé savant et dévoué, entra dans la société des nations chrétiennes, et il parut qu’il n’y avait plus de barbares en Germanie.
Dernières résistances du paganisme. Les Scandinaves.
Cependant l’ouvrage de tant de siècles pouvait encore périr, tant que les Germains voyaient à leurs portes le paganisme tout-puissant chez les Scandinaves, c’est-à-dire chez des peuples qui étaient les aînés de la famille, qui en avaient conservé avec plus de fidélité le sang, les croyances, les institutions, et que le génie des invasions poussait encore sur toutes les frontières du nouvel empire. Charlemagne avait compris le danger, le jour où, d’une fenêtre ouverte sur la mer, ayant reconnu les vaisseaux des pirates du Nord, ce grand homme se mit pleurer, et dit à ceux qui l’entouraient « Si, de mon vivant ils ont osé toucher ce rivage, comment ne pleurerais-je pas du mal qu’ils feront après moi ?-» Pendant que les Danois passaient l’Eyder, se jetaient sur la Saxe, et emmenaient des troupeaux de prisonniers pour les sacrifier aux dieux dans le temple national de Lethra, les longs navires des Norwégiens et des Suédois paraissaient sur toutes les mers. Ils remontaient le Rhin, la Seine, la Loire, brûlaient les villes, enlevaient les moissons. Alors les moines fuyaient, emportant sur leurs épaules les reliques des saints, et les pirates, accroupis dans les ruines des