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du temple d’Upsal. Mais déjà la foi était maîtresse des îles Feroë, de l’Islande et l’on assure que les vaisseaux des Norwégiens avaient porté au Groënland le premier évêque d’Amérique, quatre cents ans avant Christophe Colomb[1].

Conversion des Normands.

Si le paganisme scandinave se défendit longtemps dans ses sanctuaires de Suède et de Norwége, au milieu des rochers et des glaces, où il avait mis le théâtre de sa cosmogonie et le champ de bataille de ses dieux, il devait faire une résistance moins opiniâtre dans les contrées chrétiennes, qu’il avait ravagées d’abord pour les coloniser ensuite. Au commencement du dixième siècle, une lettre du pape Jean IX à l’archevêque de Reims, Hervé, règle la conduite du clergé de France à l’égard des Normands convertis, et reproduit ces maximes de tolérance et de charité que nous pouvons considérer comme la tradition même de l’Église, puisqu’elles ne changent pas, et que la doctrine de Jean IX est encore celle d’Alcuin, de saint Boniface, de saint Grégoire et de saint Remi. « Vous demandez, disait le pontife, comment il faut traiter ces néophytes, lorsque, après le baptême, ils ont vécu en païens, tué des fidèles et des prêtres, sacrifié aux idoles, mangé des viandes immolées. Si c’étaient de vieux chrétiens, on les jugerait selon la rigùeur des canons : mais, comme ils sont novices dans la foi,

  1. Vita S. Anscharii, apud Bolland., 5 Februar. Dollinger, Histoire de l’Église, t. II.