Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/305

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votre sagesse voit assez qu’il faut adoucir en leur faveur la sévérité des lois ecclésiastiques, de peur qu’écrasés d’un fardeau si nouveau pour eux, ils ne le trouvent insupportable, ce qu’à Dieu ne plaise, et ne retournent au vieil homme qu’ils ont dépouillé.» Ce document nous donne deux lumières. Premièrement, il montre combien la conquête normande pénétra plus profondément qu’on ne pense, puisqu’elle avait jeté ses colonies jusque dans le diocèse de Reims. En second lieu, il annonce la politique de conciliation et de paix qui, peu d’années après, devait présider au traité de Saint-Clair sur Epte, et, en confirmant au duc Rollon la possession de la Normandie, tourner au profit de la France et de la chrétienté la dernière des invasions[1] .

Ce que les Scandinaves apportaient et ce qu'ils gagnaient en entrant dans la civilisation.

Nous devions poursuivre nos recherches jusqu’ici ; jusqu’au temps où ces puissants Scandinaves, les mêmes que nous avons trouvés les premiers aux portes de l’Orient, que nous avons reconnus comme les plus fidèles héritiers des traditions communes aux peuples germaniques les mêmes que nous avons vus sortir de l’Asie, abandonner la cité sacerdotale d’Asgard, et porter au fond du Nord le foyer d’une religion belliqueuse, s’ébranlent enfin, et, après tous les autres font leur entrée dans la civi-

  1. Depping, Histoire des expéditions des Normands, t. II . Epistola Johannis papae Hervaeo archiepiscopo « Quod enim mitiuscum eis agendum sit quam sacri consent canones, vestra satis cognoscit industria, ne forte insueta onera portantes importabitia eis fore (quod absit) videantur.  »