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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/310

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nobles et quelquefois si pures, qu’on peut s’expliquer comment, au moment même de la conversion de l’Islande, le prêtre Soemund recueillit, pour les sauver, ces hymnes d’un paganisme qu’il combattait. Il faut donc reconnaître ici quelque chose de pareil à cette éducation providentielle qui, selon Clément d’Alexandrie, préparait les voies à l’Évangile, chez les barbares comme chez les Grecs. Il y a plus : dans un monde vieilli, trop fatigué de disputes et de débauches pour se pénétrer de toute la douceur du christianisme, les barbares apportaient des cœurs jeunes. Ils avaient la pauvreté, que le Christ aimait ; le sentiment de l’honneur, qui pouvait donner du ressort aux consciences la fidélité, c’est-à-dire le besoin de croire et de se dévouer. On comprend dès lors qu’ils fussent ouverts à tout ce qu’il y avait de tendre et de généreux dans la foi nouvelle, et qu’ils finissent par lui donner les grands serviteurs que nous avons vus.

Mais les traits de lumière jetés dans l’Edda éclairaient surtout les peuples de la Scandinavie, où une heureuse ignorance de l’étranger avait laissé au génie national toute la richesse de ses souvenirs avec toute la liberté de ses développements. Là même cependant, malgré les protestations de la conscience, on voit prévaloir ce culte de la chair et du sang, qui est le vice originel du paganisme ; et, malgré l’effort des institutions, cette passion du désordre, qui fait le fond de la barba-