veaux à la multitude assemblée. Cette importunité, cette obstination d’une idée qui veut se produire, qu’est-ce autre chose que le signe du génie ? Le génie germanique se fit jour. Il conserva l’originalité d’une race nouvelle, sans perdre l’empreinte de l’éducation savante qui l’avait discipliné, sans se détacher de cette communauté de traditions et d’habitudes qui unit la grande famille des nations latines. On reconnaît la fermeté de l’intelligence chrétienne dans les vues profondes que l’évêque Otton de Freisingen porte sur tous les temps de l’histoire, dans l’érudition philosophique d’Albert le Grand, dans le mysticisme judicieux de Taulere. Il fallait toute la persévérance de la volonté régénérée, pour prendre une langue barbare, parlée par les plus grossiers des hommes, et la plier à toutes les délicatesses de la sensibilité, jusqu’à ce qu’elle pût devenir l’harmonieux instrument des Minnesinger, et rivaliser de souplesse musicale avec les idiomes d’Italie et de Provence. Enfin c’était l’amour purifié, ramené à Dieu premièrement, pour redescendre ensuite sur l’humanité et la nature, qui devait déborder un jour dans les compositions poétiques du douzième et du treizième siècle. Une même inspiration, l’héroïsme de la foi conjugale, devait soutenir en même temps l’épopée guerrière des Nibelungen .et les récits chevaleresques de Wolfram d’Eschenbach. En même temps les poëtes de Souabe célébraient dans un rhythme char-
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