Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/349

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mant le réveil du mois de mai après les longs hivers et Henri Suso, au fond de son monastère, sentant, disait-il, que son jeune coeur ne pourrait longtemps demeurer sans amour, choisissait pour la dame de ses pensées la Sagesse éternelle, » et se levait avant le soleil pour lui chanter le chant du matin. Le christianisme ne pouvait descendre dans une grande nation sans y honorer l’étude, cette occupation chaste et sévère sans encourager l’art de la parole, par laquelle il gouvernait toutes choses sans bénir enfin ce travail sacré des lettres, qui n’est après tout qu’un effort pour fixer l’idéal divin dans le langage des hommes.

Le droit public et la littérature de l'Allemagne ont leur origine chez les Francs.

Nous nous sommes éloigné moins qu'il ne semble des limites naturelles de notre sujet.En cherchant saisir l’esprit plutôt que les détails des institutions ecclésiastiques, nous n’avons fait que résumer la doctrine des conciles de Paris, d’Aix-la-Chapelle, de Mayence, de Tribur, qui empêchèrent l’oeuvre de Charlemagne de périr tout entière, puisqu’ils sauvèrent l’Église quand l’Ëtat s’écroulait. On aime à trouver des maximes si judicieuses, si clémentes, j’allais dire si modernes, dans la législation d’un âge d’airain, dans des décrets délibérés par les évêques de Louis le Débonnaire et de Charles le Chauve. Les historiens ont trop méprisé la décadence carlovingienne. Le corps politique se dissout, mais l’âme survit et s’échappe pour aller animer