Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ches . Non qu’il faille oublier ce qu’il y avait de force dans l’aristocratie militaire, et d’opiniâtreté dans les institutions municipales mais le temps était encore loin où ces deux autres puissances, reconnues, affermies, devenues la féodalité et le tiers état, devaient achever l’édifice d’une société nouvelle. Aussi haut qu’on remonte dans l’antiquité des peuples germaniques, on les trouve soumis à des rois et plus on s’enfonce vers le Nord et vers l’Orient, vers des lieux éloignes du commerce des nations étrangères où voisins de la première patrie, plus la royauté conserve son caractère primitif, c’est-à-dire religieux et sacerdotal. C’est ainsi qu’elle paraît dans ce chant de l’Edda, le chant de Rig, où le dieu Heimdall, parcourant la terre, s’arrête d’abord chez une femme appelée la Bisaïeule, qui lui donne pour fils le Serf ; puis chez l’Aïeule, qui lui donne le Libre ; et enfin chez la Mère, dont il a le Noble. Or, le Noble engendra plusieurs enfants, entre lesquels le dernier fut le Roi et les autres apprirent à aiguiser les flèches et à manier la lance. « Mais le Roi connut les runes, les runes du temps, les runes de l’éternité. Il apprit les paroles qui arrachent l’homme à la mort, qui émoussent le tranchant du glaive, qui apaisent les tempêtes. Il comprit le chant des oiseaux, il sut d’un mot éteindre l’incendie, endormir les douleurs ; il-posséda la force de huit