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chevaux. » Ce vieux récit scandinave, où l’on ne soupçonnera pas de réminiscences classiques, se rattache à toutes les traditions du Nord. Toutes s’accordent à diviniser l’idéal du pouvoir en la personne d’Odin, le roi-prêtre, l’auteur des runes et le législateur des rites sacrés ; régnant avec les douze Ases, prêtres et juges comme lui, dans la ville sainte d’Asgard. La cité divine devenait le modèle de la cité des hommes, et la nation Suédoise avait son roi, successeur d’Odin, entouré de douze conseillers en mémoire des Ases. On l’inaugurait sur la pierre sacrée d’Upsal ; il prenait le titre de « protecteur de l’autel » et présidait aux sacrifices. Les Goths faisaient descendre d’une grande divinité nationale les deux dynasties des Amales et des Balthes ; le nom de Voden ouvrait la généalogie des huit rois anglo-saxons et la fable païenne des Francs, conservée par Frédégaire, rapportait qu’un dieu marin avait surpris au bain la mère de Mérovée[1].

Mais l’instinct de la conquête s’était éveillé chez ces rois-prêtres, et les avait de bonne heure arrachés des autels. Le chant de l’Edda que nous avons cité ajoute que le roi s’exerçait aux mystères de la

  1. Edda saemundar, t. Il, Rigsmal. Ampère, Littérature et Voyages, p. 413 pour les Goths et les Scandinaves, Jornandes, de Rebus geticis, 14 ; Ynglinga saga 5, 8, 24 ; pour les Anglo-Saxons, Asser, Florentius, Huntington, Geoffroy de Monmouth, lib. VI, Frédégaire, IX « Fertur super littore maris, aestatis tempore, Chlodeone cum uxore residente meridie, uxor ad mare lavatum vadens, terretur a bestia Neptuni, » etc.