Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/358

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science magique, lorsqu’il entendit le cri d’une corneille et l’oiseau, dont il comprit le langage, lui dit qu’il serait mieux de monter à cheval, de coucher les armées dans la poussière, et de conquérir des terres plus fécondes. En effet, au moment des invasions, la royauté devient militaire ; elle perd de son immobilité, mais aussi de son inviolabilité sacerdotale ; elle est telle que César, Tacite, Ammien Marcellin la connurent chez ces bande désordonnées qui menaçaient les frontières de l’empire. Les peuples n’inaugurent plus leurs chefs sur la pierre inébranlable, ils les élèvent sur le bouclier, qu’ils laisseront tomber quand ils seront las. Le pouvoir reste héréditaire dans une famille, où l’on continue de respecter le sang des dieux ; mais souvent il devient électif par un libre choix entre les membres de la même famille. Il est borné, non pas seulement par la désobéissance des sujets, mais par l’autorité des assemblées publiques. Si le chef harangue la foule, le cliquetis des armes approuve ses discours, ou les huées lui font voir qu’il a déplu. Le droit d’élire et de contredire entraîne celui de déposer. Nous savons que les Bourguignons changeaient de roi quand la victoire les avait trahis, ou que la récolte manquait. L’autorité semble mieux affermie chez les Francs, où l’ordre héréditaire se soutient pendant trois siècles. Toutefois on ne peut méconnaître les résistances qu’elle rencontre quand Clovis, avant d’abjurer ses dieux