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Le consulat de Clovis.

Mais le jour où Clovis sortit chrétien du baptistère de Reims, « l’Occident, selon l’expression de saint Avitus, eut aussi sa lumière, » et le clergé gaulois honora en lui un nouveau Constantin. Il faut reconnaître dans ces expressions autre chose que les hyperboles d’une éloquence dégénérée : j’y surprends la pensée des évéques, promettant à Clovis et à sa race la puissance et la majesté des Césars. Cet homme très-habile, comme l’appelait Nicetus de Trèves, avait hâte d’élargir le cercle de la royauté barbare, qui lui donnait à peine douze mille sujets de rassembler les Germains et les Gaulois vainqueurs et vaincus, dans une monarchie qui n’aurait plus la mobilité d’un commandement militaire ni l’étroite enceinte d’un camp, mais l’étendue, la stabilité, la régularité d’une province romaine. Il comprit qu’une seule chose manquait pour achever cet ouvrage : ce n’était ni la force ni la victoire : c’était l’autorité, la sanction du droit donnée aux actes de l’épée, et tout ce que les Latins appelaient du nom d’Empire. Quand donc, au retour de la bataille de Vouillé, vers 508, Clovis reçut de l’empereur Anastase les lettres qui lui conféraient le patriciat, et qu’ayant pris dans la basilique de Saint-Martin la tunique de pourpre, la chlamyde et le diadème, il monta à cheval, sema l’or et l’argent sur son chemin, et se fit appe-

    Saulcy sur les plus anciens monuments numismatiques de la série mérovingienne, Revue de Numismatique, t. XIII, p. 107.