Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/362

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ller consul et Auguste, gardons-nous de voir là le caprice d’un chef de sauvages, fier d’emprunter pour un moment les oripeaux d’une civilisation qui va finir. Il faisait plus que de pratiquer la politique de ses prédécesseurs, il la dépassait. Il poursuivait l’accomplissement d’un long dessein et ce qui en montre la suite, c’est qu’il jeta au peuple, non des monnaies de hasard, mais des pièces frappées exprès, portant la tête d’Anastase, et au revers cette inscription : VICTORIA AUGUSTO REGI VIRO ILLUSTRI CLODOVEO ; c’est qu’alors seulement il fixa sa résidence à Paris, dans cette vieille ville romaine que Childéric avait traversée, mais sans y faire sa demeure, la trouvant encore toute pleine du souvenir des Césars, et, pour ainsi dire, de leurs ombres. Clovis, au contraire, ne s’effraye pas d’habiter le palais de Julien, puisqu’il exerce le même pouvoir, puisqu’il trouve dans la qualité de patrice une sorte de consulat perpétuel, ou plutôt une délégation de la puissance proconsulaire des empereurs puisque enfin il s’est fait proclamer, non-seulement consul, mais Auguste ; et que, s’il n’achève pas, comme on l’a dit, une première restauration de l’empire d’Occident, assurément il la commence[1]

  1. Nous avons cité plus haut le texte de Grégoire de Tours : voici celui d’Aimoin, t I, 22 :« In quibus videlicet litteris hoc continebatur, quod complacuerit sibi et senatoribus eum esse amicum imperatorum patriciumque romanorum. His ille perfectis, consulari trabea insignitus, ascenso equo, in atrio quod inter basilicam Sancti Martini et civitatem situm erat, largissima populo .