Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/374

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandât au christianisme la consécration, qui seule pouvait la recommander à des peuples trop fiers pour obéir à un pouvoir où ils ne verraient rien que d’humain[1].

Origine du sacre des rois.

Le sacre des rois, cette solennité où les monarchies chrétiennes déployaient toutes leurs splendeurs, semble avoir commencé dans un lieu bien obscur, au fond des montagnes du pays de Galles ; quand les chefs de clans, cernés de tous côtés par l’invasion anglo-saxonne, désespérant de soutenir le prestige d’une autorité ébranlée par les défaites du dehors et les factions du dedans, implorèrent l’appui de l’Église, courbèrent la tête devant leurs évêques, et leur demandèrent l’onction des rois d’Israël. C’est le témoignage de Gildas, qui écrit au commencement du sixième siècle, et qui peint toute l’horreur de cet âge de fer, en représentant les rois sacrés, et bientôt après massacrés par leurs consécrateurs. Il se peut que les nations celtiques, dont le génie garda longtemps je ne sais quoi de biblique et d’oriental, se soient attachées les premières à une cérémonie qui évoquait autour des

  1. Epistola S Remigii ad Chlodoverum, apud Bouquet. IV, 50 « Rumor ad nos pervenit administrationem vos secundam rei bellicae suscepisse. Non est novum ut coeperis esse sicut parentes tuisemper fuerunt. » M. de Petigny,Études sur l’Histoire et les institutions de l’époque mérovingienne. p. 363, veut que S. Rémi adresse cette lettre à Clovis au moment où celui-ci succède à Childeric dans les fonctions de maître des milices ; mais il est manifeste que de tels conseils ne pouvaient être donnés qu’a un prince déjà chrétien.