Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/38

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prince, en qui Rome saluait le réparateur du vieil empire, et les barbares le fondateur d’un empire nouveau. En même temps qu’il rendait au sénat ses prérogatives, aux magistratures leurs pouvoirs, aux écoles leurs dotations, on le vit donner des lois à ses barbares, faire entrer, dans son alliance et sous sa tutelle les rois des Visigoths, des Thuringiens, des Burgondes ; et, devançant de trois cents ans l’oeuvre de Charlemagne, réunir les nations germaniques en ~une seule famille, pour les faire entrer dans l’héritage de la civilisation romaine. Les soins du gouvernement n’étouffaient point en lui le zèle de la secte. À côté de son palais de Ravenne, il avait élevé à son culte la basilique de Saint-Apollinaire le Neuf et le baptistère de Sainte-Marie in Cosmedin, enrichi de mosaïques dont le temps n’a pas effacé l’éclat. La tolérance qu’il avait montrée d’abord à toutes les communions fit place à un prosélytisme persécuteur, aussitôt qu’il eut donné à l’arien Eutharic la main de sa fille et le premier rang dans ses conseils. Ce fut le signal d’une persécution qui se déclara en interdisant aux Romains de porter les armes, en renversant à Vérone l’oratoire de Saint-Étienne, et plus tard en ordonnant le supplice de Boëce et de Symmaque. Le jour était déjà fixé ou les églises des orthodoxes devaient être livrées aux sectaires et il parut un moment que les invasions s’étaient faites pour re-