Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/384

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tard en un seul. Les princes des Francs tombent sous les coups de Clovis, et les éternels partages des Mérovingiens n’empêcheront pas ce grand corps de la France de s’unir pour durer. C’était déjà beaucoup d’avoir constitué les nations mais, à l’époque où nous touchons, l’esprit humain voulait un effort de plus.

L’idée de l’empire.

A vrai dire, l’esprit humain l’avait toujours voulu, et il n’y a pas d’antiquité si reculée où l’on ne trouve la pensée d’une monarchie universelle. C’est le rêve de tout l’Orient, quand ses princes se font appeler des titres de rois des rois et de seigneurs de l’univers ; c’est l’espoir qui conduit les conquêtes de Sémiramis et de Cyrus, qui pousse Alexandre aux extrémités de l’Asie, pour tenter ce que les Romains seuls réalisèrent, sinon dans l’espace dont une partie leur échappa, du moins dans le temps où ils régnent encore par leur langue, leurs lois et leurs mœurs. Ils donnèrent le nom d’empire à la plénitude du pouvoir civil et militaire, à la magistrature souveraine armée pour la paix des nations. Nous savons comment cette tutelle bienfaisante s’exerça sous les plus mauvais règnes des Césars. Si Caracalla conféra le droit de cité à toutes les provinces, peu importe l’intention fiscale qui le préoccupait. Rome, en élargissant ses murs, en se déclarant la patrie commune (patria communis) se mettait au service d’un dessein qu’elle ne connaissait pas.