Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/389

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exarques et les patrices. À cette vue, le roi des Francs descendit de son cheval de guerre;il entra dans Rome à pied, la traversa pour se rendre au Vatican, monta le grand escalier de Saint-Pierre en baisant chaque marche à la dernière, il trouva le pape Adrien, qui l’embrassa. Tous deux, se tenant par la main, entrèrent dans la basilique pendant que la foule chantait le verset Benedictus qui venit in nomine Domini; à la suite du roi, tous les évêques, les abbés, les chefs et les guerriers francs s’agenouillèrent devant la concession de saint Pierre, pour accomplir leur vœu. Le lendemain, Charles, en habit de patrice, revêtu du laticlave et de la tunique, prit séance au tribunal pour juger les causes des citoyens, conformément aux constitutions des empereurs [1].

Si c’était la charge principale du patrice de faire justice à l’Église et aux pauvres, les papes, en conférant cette dignité, étaient allés jusqu’au point où le spirituel touche au temporel:ils n’en étaient pas sortis. Mais, dans l’entrevue d’Adrien et de Charlemagne, il semble qu’une pensée plus hardie se fit jour. Adrien ne put voir sans émotion ce vaillant jeune homme, issu de tant de saints et de tant de héros, qui venait de Pavie tout couvert de la poussière des champs de bataille, pour rétablir

  1. Annales Metensesad ann. 741 -Continuatio Fredegar. Anastas. bibliothec. in Gregorio III; idem in Adriano.