furent honorés dans Rome et respectés. » On peut sourire de tant d’anachronismes mais on ne peut mépriser cet effort de la tradition germanique pour aller au-devant des souvenirs de l’antiquité, pour rattacher à la souche troyenne des Romains la branche collatérale des Francs, et pour légitimer ainsi la succession impériale. Les légendes qui formaient la couronne poétique du saint-empire le recommandaient au respect public mieux que ses victoires. Elles satisfaisaient aux besoins d’une époque plus raisonneuse qu’on ne pense, et trop libre pour se soumettre au fait, s’il n’était entouré de toutes les apparences du droit. Jamais on ne produisit plus de titres faux, parce que jamais les peuples ne se montrèrent moins disposés à reconnaître des pouvoirs sans titres. Les imaginations étaient crédules, mais les consciences étaient exigeantes[1].
- ↑ Schilter, Thesaurus, t. I, p. 19. Wackernagel, Altdeutches Lesebuch, 178 :
In der werile aneginno
Duo licht ward unte stimma
Duo diu vrône gotis hant
Diu spaehin werth geseuph so manigvalt.
Duo deilti god sini werch al in zwei...
Cesar bigondo nâhin
Zuo den sinin altin mâgin
Cen Franken din editin :
Iri beidere vorderin
Quâmin von Troie der altin...
Sidir warin diutchi man
Ci Rome lif unti wertsam...Ce fragment sur les origines de l’empire a passé dans une composition du treizième siècle, qui, sous le titre de Kaiserchronik, a