L’histoire littéraire ne compte qu’un petit nombre de siècles inspirés ; elle connaît beaucoup de siècles laborieux. L’inspiration est une grâce : elle est d’un lieu et d’un temps, elle vient et se retire. Le travail, au contraire, est une loi ; il est par conséquent de tous les temps, et Celui qui en a fait la condition de l’humanité ne souffre pas qu’il s’interrompe jamais. Cependant on s’arrête avec admiration devant l’âge d’or des littératures, aux courts moments où le rayon d’en haut vient éclairer l’époque de Périclès, d’Auguste, de Léon X : on n’a que de l’indifférence et du mépris pour les périodes difficiles et méritoires qui, d’un âge d’or à l’autre, ont gardé la tradition littéraire. Nous ne savons pas tout ce qu’il a fallu de courage à des hommes assurés qu’ils n’auraient jamais les applaudissements du monde, pour se vouer à cette tâche obscure, d’étudier, de commenter, de conserver la pensée d’autrui, la parole d’autrui, la renom-