Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résister comme elles à la violence des Lombards. En présence des bandes d’Agilulfe campées sous les murs de Rome, saint Grégoire le Grand jette un cri de détresse : « Voilà donc, s’écrie-t-il, celle qu’on appelait la reine du monde Où est le sénat ? où est le peuple ? » Il ne demande pas où est l’école, et tout donne lieu de croire, en effet, qu’elle n’a pas péri, puisque, vers 590, on voit un jeune Romain nommé Betharius venir à Chartres, et, par l’élégance de ses mœurs et de son langage, par son grand savoir dans les lettres et dans la philosophie, ravir tous les esprits, à ce point qu’il fut élevé d’abord à la charge de chapelain du palais, et plus tard à l’épiscopat. En même temps Fortunat parle encore des lectures publiques qui se faisaient au forum de Trajan. On y lisait l’Énéide ; les poëtes du temps y trouvaient aussi un auditoire, et s’y livraient à des combats littéraires, dont le vainqueur, couronné par les magistrats, était promené en triomphe dans les rues, couvertes de draps d’or. Les provinces les plus maltraitées conservent au moins quelques restes de culture intellectuelle. A la fin du septième siècle, on trouve à Pavie, dans la capitale même des conquérants, un grammairien nommé Félix, dont les leçons eurent tant d’éclat, que le roi Cunibert lui fit présent d’un bâton orné d’or et d’argent. Après lui, son neveu Flavien soutint l’honneur de l’école de Pavie, d’où allait sortir l’historien Paul Diacre. Ainsi l’Italie, qui devait