bourg et de Passau, qu’il pressait inutilement de quitter leurs demeures, étaient tombés au pouvoir des ennemis. Le reste des Romains, rassemblé par sessoins dans Lauriacum, fit une longue résistance. Severin lui-même les exhortait à veiller, à entretenir les feux sur les tours, jusqu’à ce qu’enfin, le roi des Rugiens s’étant approché avec une armée nombreuse, toute défense parut inutile, et les assiégés n’eurent plus à choisir qu’entre la mort et l’esclavage. Alors le serviteur de Dieu se rendit au camp, et, au nom du Christ son maître, il stipula que le roi retirerait ses troupes ; que les Romains réfugiés dans Lauriacum en sortiraient libres respectés désormais dans leurs personnes et dans leurs biens. Et sur sa foi les réfugiés sortirent ; ils commencèrent à repeupler les campagnes, à rebâtir les cités, et à vivre en paix avec les conquérants. C’est par là que les mœurs, les institutions, les souvenirs d’une société policée, se conservèrent dans les provinces du Danube. Passau, Salzbourg, Vienne, sortirent de leurs ruines ces villes restèrent comme autant de forteresses du christianisme au milieu des peuples barbares qui se succédèrent pendant deux cents ans autour d’elles, qui les soumirent à leurs lois, mais qu’elles soumirent à leurs lumières[1].
- ↑ Sur la naissance et ta patrie de saint Severin, voyez les doutes de son disciple Eugippius, dans l’épitre dédicatoire qui précède la Vie. Sa prédication, ses austérités, ses miracle, cap. I, II, IV, VII,