C’est ce que Severin avait prévu et cet homme
si occupé de sauver les villes romaines ne l’était pas
moins de gagner les âmes des Germains. Les plus
farouches, les plus gâtés par l’arianisme ou par
l’idolâtrie, ne pouvaient s’empêcher d’honorer un
vieillard pauvre comme eux, exempt des délicatesses
et des vices qui leur rendaient la civilisation
méprisable. Comment eussent-ils considéré
comme un ennemi celui qui bénissait leurs enfants,
guérissait leurs malades, se faisait livrer ceux
d’entre eux qu’on amenait prisonniers, leur servait
à manger et à boire, et les renvoyait libres ? ’Eux
aussi recherchaient ses entretiens comme ceux d’un
prophète, et visitaient sa solitude comme un lieu de
pèlerinage. Une troupe de ceux qu’on recrutait pour
la garde des empereurs se pressait un jour à sa porte ;
et, parmi eux, un jeune homme d’une haute stature
baissait la tête pour entrer : « Va, lui dit Severin, tu n’es vêtu que de misérables peaux ; mais le temps vient où tu feras de grandes largesses. » Ce jeune homme fut Odoacre devenu
maître de l’Italie, il se souvint du présage
de l’anachorète, et, lui accorda la grâce d’un condamné.
Une autre fois, comme les Alemans ravageaient
le territoire de Passau, du il se trouvait
alors, Gibold, leur roi, souhaita de le voir. L’homme
VIII, X.. Levée des dimes, organisation des secours publics, cap. VI et VIII. Actions militaires, cap.II, VIII, IX. Traité avec le roi des Rugiens, cap. IX.