Toute l’école admit les douze latinités de Virgile l’Asiatique, et ne s’occupa désormais que d’y porter de nouveaux raffinements. Le premier soin était de créer des mots on empruntait à la langue grecque des racines dont on modifiait la dissidence ; on disait charaxare pour écrire ; de thronos, trône, on faisait thors, le roi qui s’y assied. D’autres fois on se contentait de supprimer des lettres ou de les déplacer : le commun des hommes disait heri . hier : les savants disaient rhei. S’il était permis d’écrire en langue intelligible, il fallait cependant que la main des maîtres se fit sentir par l’emploi des prépositions qui leur étaient particulières : con pour apud, salion pour ante, cyron pour contra. En second lieu, on recourait aux artifices de l’écriture, et à ce qu’on appelait scinderatio phonorum ; tout se réduisait à rompre les constructions, les mots, les syllabes à écrire en chiffres, et, par exemple, à tracer sur les tablettes rr ss pp mm nt ee oo au ii. Le correspondant, qui avait le secret du chiffre, lisait Spes Romanorum periit. Troisièmement, on bouleversait la grammaire en donnant aux noms d’autres cas, aux verbes d’autres temps et d’autres modes. Les grammairiens n’a -
nominis monstrabimus exemplo. In usitata enim latinitate, 1 ignis habetur qui sua omnia ignit natura ; 2 quoquevihabis,quod incocta coquendi’habeat ditionem ; 3 ardondicitur, quod ardeat ; 4 calax, calacis, ex calore.» Je soupçonne que ces grammairiens se vantaient beaucoup, et je doute qu’ils eussent jamais complété le dictionnaire de leurs douze langues.