vaient garde d’user des déclinaisons qu’ils faisaient répéter aux écoliers : ils avaient doctus doctii, sanctus sanctii. Leurs conjugaisons enrichissaient la grammaire : Navigare pontum ne remplissaient pas l’oreille : quand on avait la passion de l’harmonie imitative, on disait à l’infinitif Navigabere pontum. Enfin, à la prosodie des poètes classiques, on substituait une versification nouvelle, dont les dactyles et les spondées semblent mesurés, non par la quantité, mais par l’accent. Au milieu des obscurités de cette étrange poétique, on remarque cependant les compositions que Virgile nomme des proses, et qui rappellent en effet les proses de l’Église, composées de vers de huit syllabes, comme ce chant sur le lever du soleil :
Phœbus surgit, coelum scandit,
Polo claret, cunctis paret.
À ces coupes faciles, à ces rimes, on commence à soupçonner que le grammairien se méprend, et qu’au moment où il promet les règles d’une métrique savante, c’est le secret de la poésie populaire qu’il laisse échapper. A Dieu ne plaise toutefois qu’il ait voulu encourager les poëtes à chanter pour tous, ni se départir de cet art qui tourne tout l’effort de la parole à cacher la pensée ! Il en multiplie les exemples, et finit par une énigme de sa façon, qui atteint si bien le sublime du genre, que