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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/478

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ver la langue au moment de la ruine des institutions. Il faut enfin que la barbarie soit bien menaçante, puisqu’elle réduit les lettres à se cacher car des différents motifs par lesquels Virgile justifie l’emploi d’un langage secret, celui qu’il développe davantage est assurément le plus sincère. En présence de ces terribles Germains, hauts de sept pieds, et qui passaient pour anthropophages ; quand, du fond de leurs manoirs, ils tenaient les campagnes dans l’épouvante et les villes voisines en respect quand déjà la plupart savaient assez de latin pour épier les discours et surprendre les correspondances, il fut pardonnable à de pauvres rhéteurs de se faire un idiome inintelligible à leurs ennemis, de s’écrire en chiffres, et de se constituer en société secrète[1].

  1. Sur l’époque du grammairien Virgile on a propose trois opinions. Le cardinal Mai, Introduction, p. x, indique, comme la date la plus probable, la fin du sixième siècle, et s’appuie surtout du passage ou Virgile cite le chant de la reine Rigadis, c’est-à-dire Rigonthe, fille de Chilpéric. M. Orelli (Lectiones petronian., p. 3) adhère a cette conjecture. Au contraire, M. Quicherat, dans un savant travail (Bibliothèque de l’école des Chartes, II, 3) fait remonter le grammairien de Toutonse jusqu’à la fin du cinquième siècle : il en donne pour raison-principale qu’au temps de Chilpéric il n’y avait plus ni païens à convertir, ni culture intellectuelle. Nous croyons avoir repondu a ces deux difficultés. Enfin M. Osann (Beitraege zur gr. und lat. Litteratur Geschichte t II, p. 125 et Hall. litt. Zeitung, 1836, Erganzbl. no 48) fait descendre le faux Virgile jusqu’au temps de Charlemagne. La plus forte raison qu’il en donne est cette mention écrite en marge d’un manuscrit de la bibliothèque de Leyde, contenant des fragments de notre grammairien « Virginus fuit Caroli Magni temporibus. » Mais Lindemann a remarque que les notes marginales de ce manuscrit étaient d’une main plus récente. M. Osann croit reconnaitre, dans le Sedulius et l’Etherius