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gile, avait coutume de l’instruire par des comparaisons et des paraboles. Un jour qu’il lui montrait un rocher creusé par les eaux : « Vois, mon fils, lui dit-il, cette pierre nue que les flots ont rongée ainsi le sage est rongé par les flots du savoir où il s’enfonce ; et, au milieu de ses plus chères études, il se sent encore malheureux.  » On aime à saisir ces rares accents d’une sagesse véritable, et à retrouver des hommes là où l’on ne croyait plus voir que des vieillards redevenus enfants [1].

Date précise du grammairien Virgile


Et maintenant nous connaissons assez les écrits de Virgile, pour en fixer la date au milieu des conjectures contraires des critiques, qui hésitent entre le cinquième siècle et le huitième, entre le temps de Sidoine Apollinaire et celui de Charlemagne. Premièrement, tout indique une époque où le paganisme vaincu résiste encore, où il se réfugie dans le culte de la philosophie et des lettres, et s’efforce de sauver au moins l’autel des muses. On voit des infidèles, non-seulement parmi les barbares, mais parmi les lettrés on se félicite de la conversion des uns, on écrit contre les autres. En second lieu, il faut que l’antiquité n’ait pas péri, qu’elle vive encore, quoique défigurée, dans ces assemblées de grammairiens convoquées pour sau-

  1. Epistol. 94 : « Dixit mihi (Aeneas) : Vide, fili doceat te tapis hic nudus, quem vides aquis corrosum sic sapiens aquis suis corroditur ; hoc est, sapientiœ studiis infelix in mundo habetur ».