Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/53

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humiliations qu’au moment où les Huns vinrent s’abattre sur les villes chrétiennes de la Gaule. A l’aspect de ces fils du désert conçus, disait-on, dans les embrassements des sorcières et des mauvais génies, qui l’on ne connaissait pas d’autre dieu qu’une épée plantée en terre ni d’autre culte que l’effusion du sang, les cœurs les plus fermes purent regretter les temps de Dèce et de Dioclétien. Les églises disparaissaient, et les dernières traces de culture s’effaçaient comme l’herbe sous les pieds des trois cent mille hommes qu’Attila traînait après lui. Besançon, Strasbourg, Worms, Mayence, Langres, Reims, Cambrai, Toul et Trèves, furent emportés il ne resta de Metz qu’une chapelle dédiée à saint Étienne ; les prêtres périrent au pied des autels qu’ils paraient ce jour-là pour célébrer la fête de Pâques[1]. Les Huns succombèrent dans les plaines de Châlons, mais cette lutte sanglante prolongea la terreur de leur passage. C’est au milieu de ces redoutables spectacles que la postérité encore émue plaça la belle légende de sainte Ursule. Ursule, fille d’un roi chrétien de la Grande-Bretagne, est demandée en mariage par un prince idolâtre : elle donne son consentement afin de sauver son père, mais on lui accordera trois ans pour jouir de sa virginité, et, pour présent de fiançailles, dix jeunes

  1. Fauriel, Histoire de la Gaule méridionale, I. Paul Orose. VII, 26. Cf. Prosper. Aquit. Nicolai Serarii,Rerum Moguntinensium, lib. V. Werner, der Dom von Mainz. Gregor. Turonens., lib. Il, 6.