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Adhelm.-Latinité philosophique.

Une nation bien douée, toute pénétrée du souffle poétique qui lui inspirait des chants capables de rivaliser avec les plus beaux fragments de l’Edda, ne pouvait subir inutilement une culture si opiniâtre et si profonde. Le septième siècle n’est pas fini, et déjà, parmi les disciples d’Adrien, paraît Adhelm qui égale ses maîtres en savoir, et les dépasse en hardiesse. Aldhelm a encore tous les traits du génie anglo-saxon. Issu de la maison royale de Wessex, il conserve la fougue du sang barbare, l’amour de son pays, le culte des traditions nationales. Dans sa jeunesse, il excellait à composer des hymnes en langue vulgaire, à la manière des chanteurs ambulants ; et, se tenant sur la porte au sortir de l’église, il attroupait la multitude pour l’instruire. Mais il a aussi la docilité de sa nation. Devenu successivement maître de l’école monastique de Malmsbury, abbé, évéque de Sherburn, il ne devait point mourir sans avoir visité Rome et, séduit par les muses latines, il nourrissait l’ambition de les introduire et de les fixer dans sa froide patrie. C’est l’objet de son traité de versification, l’un des plus complets qui nous soient parvenus, où il recueille jusqu’aux plus minutieux détails de la prosodie classique. En même temps que le précepte, il donne l’exemple dans son poëme de la Virginité. Les beaux vers n’y manquent point, et la muse chrétienne y trouve des cris éloquents lorsqu’il s’agit de célébrer la chute du paganisme et