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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/536

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jeunes cleres, lui-même ; leur enseignait la métrique, l’astronomie, l’arithmétique, la musique et l’Écriture sainte, avec un tel succès, que, trente ans après, plusieurs de ses disciples parlaient encore le grec et le latin aussi facilement que leur langue maternelle. Cependant l’enseignement de Théodore et d’Adrien ne suffisait pas à l’ardeur de la jeunesse anglo-saxonne : il fallait des flottes entières pour conduire en Irlande la multitude de ceux qui allaient y chercher des maîtres, bravant les ennuis et les dangers de l’exil. L’hospitalité des monastères leur donnait du pain, des livres, des leçons ; mais les épidémies les enlevaient par centaines, sans décourager leurs compagnons et leurs successeurs. On raconte que le jeune Egbert, voyant mourir ses condisciples, se prit à pleurer, pria Dieu de lui laisser le temps d’expier ses péchés dans ce monde, et fit vœu, s’il échappait au péril, de passer le reste de sa vie sur la terre étrangère, pour s’instruire et pour enseigner[1].

  1. En ce qui touche l’épiscopat de Théodore de Cantorbéry, je reproduis littéralement le récit de Bède, Hist. eccles., IV, 1 et 2. Il finit ainsi : « Congregata discipulorum caterva, scientiae salutaris quotidie rumina in rigandis eorum cortlibus emanabant. Ita ut etiam metricœ artis, astronomicae, et arithmeticae ecclesiasticae disciplinam inter sacrorum apicum volumina suis auditoribus contraderent. Indicio est quod hucusque supersunt de eorum discipulis qui latinam graecamque linguam aeque, ut propriam in qua nati sunt, norunt. » Il faut rapprocher de ces paroles le texte que je citerai plus bas des lettres d’Aldhelm. Sur l’affluence des Anglo-Saxons en Irlande, voyez la même lettre d’Aldhelm ci-dessous, et Bède, Hist. eccles., III, 27.