plaisait à ces esprits mal dégagés des brouillards du Nord. Édelwald, disciple favori d’Aldhelm, ne croit pouvoir mieux témoigner de sa docilité qu’en remerciant, dans cette langue des initiés, le maître qui lui ouvrit les plus secrètes profondeurs de l’étude, et lui dévoila des mystères réservés au petit nombre. Saint Boniface mêmene se défiait pas de cette faiblesse ; et, lorsque, dans les premières années de son apostolat, il écrit à ses amis d’Angleterre, l’ancien maître de grammaire se fait reconnaître aux hellénismes dont il croit enrichir son style. Des exemples si beaux ne laisseront pas dormir en repos les générations suivantes, et, les élèves surpassant leurs maîtres, nous trouverons des poëmes écrits en trois langues entremêlées grec, latin et anglo-saxon[1].
- ↑ Voici la lettre d’Édelwald, disciple favori d’Aldhelm, et qu’on a tout lieu de prendre pour un laïque, si l’on en juge par les conseils qu’Aldhelm lui adresse, de ne point s’abandonner sans réserve aux joies des fêtes et des banquets. Apud Bonifacii epistolas, édition de Würdtwein, epist. 149. «... Aestivi igitur temporis cursu, quo immensis feralium passim congressionum expeditionibus haec misera patria lugubriter invidia vastatrice defanatur, tecum legendi studio conversatus demorabar. Tum mihi, licet indigno, tuai Beatitudinis sacrosancta sagacitas. arcana liberalium litterarum studia ; opacis duntaxat mysteriorum secretis, ignarisque mentibus obtrusa, abrepto propere spissie intelligentiae, faucibus avide absumptis, meam ad me patientem hebetudinis maciem largissimae blandae sponsionis epimenia affluenter refocillabat. Trina cantati modulaminis carmina binis generibus digesta subdidimus, quorum primus dactylico heroici poematis hexametro, ac pedestri, ut autumo, regula enucleat, ut in LXX coaequantium versuum formulas... divisum tertium quoque non pedum mensura elucubratum, sed octonis syllabis in unoquoque versu compositis una eademque littera comparibus