Le même flot de barbares qui ramenait le paganisme en Occident y portait aussi l’hérésie. Ces fidèles Églises qui avaient persévéré dans la foi de Nicée, malgré les anathèmes des faux conciles et les édits des empereurs, virent reparaître l’arianisme plus menaçant que jamais, avec les bandes des Visigoths et des Vandales. Nous connaissons déjà les violences des Visigoths, et comment Euric leur roi poussa l’emportement jusqu’à ce point qu’il semblait, selon la parole de Sidoine, plutôt le chef d’une secte que celui d’un grand peuple. Mais aucune persécution n’égala celle des Vandales, quand Genseric, maître de Carthage, commença à
vera plus développée et sous les plus vives couleurs poétiques dans le récit recueilli par Surius. La première trace de cette tradition, inconnue aux martyrologes d’Adon, de Rhabanus Manrus, et de Notker, se trouve dans celui de Wandelberg au neuvième siècle, apud d’Achery, Spicilegium, Il, 54.
Tum numerosa simul Rheni per littora fulgent
Christo virgineis erecta tropaea maniplis, y
Agrippinae urbi, quarum furor impius olim
Millia mactavit ductricibus inclyta sanctis.
Ce n’est pas ici le lieu de chercher le fondement historique de cette légende. Elle pourrait trouver son explication dans cette mention d’un ancien missel cité par Grandidier, Histoire de l’Église de Strasbourg I, p.147 « Ursula ; et Undecimillae, et sociarum virginum et martyrum ». Mais j’inclinerais plutôt à y reconnaître la fausse interprétation de ces initiales latines XI. M. V. « Undecim Martyres Virgines. » Je trouvé en effet dans un calendrier de l’église de Cologne au neuvième siècle, publié par Binterim (Colon., 1824), les noms d’Ursule et de dix compagnes, Ursula, Sancia, Gregoria, Pinosa, Martha, Saula, Britula, Santina, Rabacia, Saturia, Palladia.Cf. Bolland., Acta SS., Junii, t. VI, p. 22. Coelnische Rheim Chronik, V, 152 et suiv. Rettberg, Kirchengeschichte, t I, piij. Binterim, Erzdiocese Coeln. I, 66.