Ce qui fit la gloire de Charlemagne.
Ainsi, dans l’école, comme dans les affaires de l’État et de l’Église, nous trouvons Charlemagne préparé, servi par les événements mais nous ne trouvons pas que sa gloire en souffre. Nous regrettons peu pour lui cette majesté solitaire qu’on lui prêtait en le représentant comme une grande figure que rien n’annonce et rien ne suit, au milieu des temps barbares. Au contraire, il n’y a pas de destinée plus glorieuse que d’être le dernier effort d’un long travail de la Providence et de l’humanité, que d’arriver prédit et attendu. Dieu, qui ne crée rien de solitaire dans la nature, n’agit pas autrement dans l’histoire comme il s’y prend deux cent ans d’avance, et qu’il remue toute la Grèce pour susciter Alexandre ; comme il fouille jusqu’au fond des entrailles de Rome, par les discordes, par les guerres civiles, pour en faire sortir César ; de même il ne juge pas que ce soit trop des convulsions de la barbarie, des résistances désespérées de la civilisation pendant trois siècles, quand il s’agit de produire Charlemagne. C’est l’honneur de ce grand homme que tout aboutisse à lui dans ce qui le précède, qu’on ne puisse l’éviter, et qu’on arrive à lui par quelque chemin qu’on marche, par les lettres comme par la religion et par le gouvernement. Au lieu d’une colonne isolée dans le désert, c’est le beffroi qui couronne une ville, au pied duquel on arrive de toutes les portes, dont l’inévitable perspective se représente au détour de chaque rue, et