lois, ni des arts, ni de la science, ni d’aucune des ressources de la nature humaine. Elle s’était efforcée de leur faire oublier par des bienfaits les exactions des proconsuls, les conquêtes meurtrières des empereurs, et tout ce qui avait rendu haïssable le nom romain. Dans ses conciles, elle avait résolu d’avance les difficultés du dogme, et réglé la discipline des mœurs, comme pour épargner à ces esprits inexpérimentés les dangers du doute. Elle avait pourvu à leur tutelle et leur éducation, en recueillant les traditions politiques et littéraires de l’antiquité. Enfin, le moment venu, elle les pressait par l’Orient et l’Occident, elle les visitait par ses évêques, ses moines, ses vierges sacrées. Et cependant elle n’avait réussi qu’à sauver les misérables ruines de l’antiquité. La civilisation lui restait ; mais elle voyait échapper l’une après l’autre les races qu’elle y devait faire entrer : le christianisme se conservait encore, mais la chrétienté ne se constituait pas.
de Salvien
et de Paul Orose
Tant d’impuissance après tant d’efforts accusait la politique de l’Église, et les païens lui reprochèrent d’avoir appelé les invasions. Les sages purent blâmer l’opiniâtreté de ce dogme qui ne savait pas céder aux exigences des temps : les Ariens se seraient chargés de sauver le monde. D’autres s’en prenaient à la Providence ; et, dans ce grand désordre où tombèrent les choses humaines, quand Rome eut cessé d’en être maîtresse, on put douter qu’une