ques vos suffragants, et dans tous les monastères, si vous voulez jouir de nos bonnes grâces. Au lecteur salut[1]. »
Cette autorité des livres saints invoquée pour animer le prêtre à l’étude, ces considérations théologiques tirées de si loin, n’ont rien qui nous surprenne. Nous retrouvons la tradition familière des écoles ecclésiastiques, la pensée commune de Cassiodore, de Bède, d’Alcuin : le seul motif assez fort pour sauver les lettres pendant trois cents ans est encore le seul qui puisse les restaurer. Un capitulaire de l’an 789 ordonne au clergé « de former des écoles d’enfants, et d’y appeler non seulement les fils des serfs, mais ceux des hommes libres. Chaque monastère, chaque évéché, aura des psautiers, des livres de chant, de comput, de grammaire, et des exemplaires corrects de l’Écriture sainte car souvent les hommes voulant bien prier Dieu le prient mal, à cause des livres incorrects qu’ils ont dans les mains. Et ne laissez point vos enfants altérer les textes, soit en lisant, soit en écrivant. Mais s’il est néces-
- ↑ Encyclica de litteris colendis, apud Sirmond, Concilia Galliae, t. II, p. 124. Pertz, t. 1 Legum, p. 52, traduite pour la première fois par M. Ampère, Histoire littéraire, t. III, p. 25. Le texte latin n’est pas élégant, mais il est correct. L’exemplaire qui nous a été conservé s’adressait à Baugulf, abbé de Fulde : « Karolus, gratia Dei, rex Francorum et Longobardorum, ac patricius Romanorum, Brugulfo abbati et omni congregationi, tibi etiam commissis fidelibus oratoribus nostris, in omnipotentis Dei nomine, amabilem direximus salutem. »