Ce qui restait à prouver, c’était la perpétuité des traditions littéraires aux temps barbares, de Clovis à Charlemagne. Cette étude nous a jetés dans des recherches périlleuses, sur des chemins arides, à travers des obscurités que nous n’avons pas toujours éclairées. Cependant nous ne regretterions pas nos efforts, s’ils avaient réussi à rétablir, sur le seul point où elle paraissait suspendue, cette loi divine du travail, qui est celle de la nature comme de l’humanité ; qui, après avoir poussé nos pères à toutes les études, nous pousse nous-mêmes à les recommencer avec eux, et, quand la vie est si courte, le présent si orageux, nous fait consacrer les jours et les nuits à rechercher ce qu’apprirent, ce que pensèrent, ce que voulurent des hommes morts depuis douze cents ans.
Lorsqu’on s’enfonce dans les vallées des Vosges et du Jura, au cœur des âpres contrées où les vieilles mœurs germaniques se défendirent si longtemps, on est d’abord frappé de la sauvage majesté de ces lieux. Mais, en y regardant de plus près, on trouve qu’une puissance plus grande que la nature, je veux dire le travail, la poursuit jusque dans ce sanctuaire, la subjugue et la met à son service, sans rien épargner de ce qui semblait créé pour la liberté et pour le repos. Quoi de plus calme que ces grands arbres qu’on croirait nés pour ne rien faire, comme les fils des anciens rois ? Il faudra pourtant qu’ils descendent de leurs rochers, pour