la cruauté des mœurs romaines, à toutes les perfidies de la politique byzantine. Ils oublient que l’histoire des fils de Mérovée n’a pas un trait odieux ou sanglant qui ne se retrouve plus barbare encore dans les chants de l’Edda, dans les fables des dieux dont les rois se disaient issus. En effet, sous les Germains se montrent les mêmes par quelque porte de l’empire qu’ils entrent, Francs et Visigoths, Vandales et Lombards, ariens ou idolâtres. On ne voit pas que la famille de Clovis soit ensanglantée de plus de meurtres que celle du grand Théodoric, ni que les fureurs de Frédégonde dépassent en horreur Alboin forçant Rosemonde à boire dans le crâne de son père[1].
Il faut bien reconnaître en effet que les Francs, au sortir de la basilique de Reims, ne se trouvèrent point magiquement transformés en d’autres hommes. Le doux Sicambre ne renonça ni au meurtre des chefs de sa famille, ni au pillage des villes d’Aquitaine. Il laissa après lui deux cents ans de fratricides et de guerres impies. La Gaule vit avec effroi des princes qui égorgeaient les fils de leurs frères ; les rois et les enfants des rois périssaient
- ↑ Rettberg, Kirchengeschichte'p. 284. Cet historien, qui corrige et tempère en plusieurs points le système des écrivains allemands, a cependant le tort de croire les Francs seuls atteints de ces vices qui firent la perte des Goths, des Vandales et des Lombards. Voyez, dans l’Edda, Gudruna aisant manger ses deux fils à Attila, qu’elle égorge ensuite ; Wéland tuant les enfants de Nidur, pour faire des coupes de leurs crânes; et, dans les Nibelungen, les guerriers s’abreuvant du sang humain.