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les vicissitudes de l’époque Mérovingienne, et n’éclata qu’à la fin. On la perd de vue au milieu des partages perpétuels de territoire entre les princes, et au milieu des rivalités sanglantes des tribus saliennes et ripuaires, qui formèrent les deux royaumes d’Austrasie et de Neustrie. Il faut cependant s’enfoncer dans ces temps orageux, et, traversant leurs obscurités, reconnaître les progrès de la foi, d’abord chez la nation franque, et à sa suite chez les peuples qui lui furent soumis.

La

civilisation chrétienne chez

les Francs

de

Neustrie.

Les Francs de Neustrie, disséminés entre la Somme et la Loire, parmi des populations nombreuses et que les invasions précédentes avaient épargnées, ne résistèrent pas aux séductions du premier repos qui suit la victoire. Ils se laissèrent captiver par la fécondité du sol et par la facilité de la vie. Les vainqueurs se firent colons, les vaincus commencèrent à se mêler parmi les guerriers. Les sénateurs des villes occupèrent les offices de la domesticité royale ; les pratiques d’étiquette et de chancellerie s’introduisirent dans les cours barbares de Soissons, d’Orléans et de Paris. Les rois aimèrent cette ville demi romaine ; ils y habitaient le vieux palais de Julien, trônaient sur une chaise curule, s’entouraient de référendaires ; de comtes, de clarissimes. Chilpéric dictait des vers comme Néron, ajoutait des lettres à l’alphabet comme Claude, composait des symboles de foi comme Léon et Anastase, bâtissait des cirques, don-