coup mes forces : c’est l’amour de tous les Francs qui me l’arrache. Je demande humblement au Seigneur le salut éternel pour vous et les vôtres, ô roi très-aimé[1] ! »
Assurément on ne peut s’empêcher d’écouter avec émotion le prêtre inconnu qui tenait ce langage au dernier rejeton de tant de rois homicides mais, en même temps, il faut admirer l’illusion du patriotisme religieux, quand il loue la douceur de Childebert et de Clotaire, tous deux meurtriers de leurs neveux, et quand il se croit à la veille d’inaugurer la monarchie de David chez un peuple où vont commencer les rois fainéants.
Décadence de Francs neustriens
Les vices de la barbarie ne peuvent rien trouver qui leur soit plus semblable, qui les flatte et les développe plus sûrement que les vices d’une civilisation en décadence. Ces rois neustriens, que nous avons vus si zélés pour les traditions romaines, avaient toutes les passions du Bas-Empire : l’ambition de gouverner les consciences, le génie de la fiscalité et le goût des plaisirs qui énervent les esprits. On sait comment Chiipéric, ayant dressé
- ↑ Exhortatio ad Francorum regem, tirée d’un ms. du Vatican, et publiée en 1851 par Angelo Mai, Nova Script. rer. coll., t. VI, part. Il, p. 5 ; reproduite et traduite en partie par le P. Pitra, Vie de saint Léger, p. 121 et 457. Je n’ai donné qu’un petit nombre de passages de cette longue instruction ; mais je me suis permis une correction nécessaire, et déjà indiquée parle P Pitra, à l'endroit du texte où ça lit :« Klotavius atavus tuus tres filios habuit Hildebertum, Klodoveum et Klodomirum. » Il faut pas beaucoup de hardiesse pour relever l’erreur du copiste, et lire: « Klodoveusatavus tuus tres filios habuit Hildebertum,Klotarium et Klodomirum. »