Nicetius de Trèves.
Cette dernière génération de l’ancienne Église des Gaules n’a pas de représentant plus illustre que saint Nicetius de Trèves, élevé au siége épiscopal en 527. Ce qui éclate en lui, c’est d’abord l’horreur de la violence dans un siècle si violent. Le jour où il allait prendre possession de son siège, dit Grégoire de Tours, comme il arrivait près des portes de Trèves au coucher du soleil, ceux de sa suite dressèrent les tentes, et lâchèrent les chevaux pour les faire paître dans les champs des pauvres. Ce que voyant Nicetius, touché de pitié, il s’écria » Hâtez-vous de retirer vos bêtes des moissons des pauvres ; sinon je vous retranche de ma communion.» Et parce qu’ils tardaient à obéir, lui-même se mit à la poursuite des chevaux, les chassa des champs, et il fit ensuite son entrée au milieu de l’admiration du peuple. Dans cette ville quatre fois ruinée, il apportait la passion de construire, qui est un des caractères du génie romain. Les architectes qu’il appela d’Italie ne relevèrent pas seulement les églises, ils couronnèrent de tours les hauteurs voisines, les munirent de machines de guerre ; et Trêves, rassurée contre les incursions de l’ennemi, remise en possession de ses palais de marbre et de ses basiliques dorées, put se croire revenue au temps des Césars. Nicetius lui-même ne pouvait se détacher des traditions de l’empire, dont le déclin était pour lui le présage de la fin des temps. Les yeux fixés sur l’Orient, il y suivait avec inquiétude