Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/133

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trayant pour les imaginations modernes, que la perspective d’une psalmodie éternelle sous des voûtes d’or. Toutefois, le poëte reproduit plusieurs traits de la vision décrite aux chapitres XXI et XXII de l’Apocalypse. C’est là que paraît la Jérusalem nouvelle, avec ses murs de jaspe, avec ses palais d’or et de cristal. Or, quand l’apôtre saint Jean, le plus sublime des évangélistes, employait ces images, il ne voulait assurément pas proposer un genre de bonheur si misérable à des chrétiens, à des hommes nourris dans le mépris des richesses, dans la mortification des sens, dans l’attente du martyre. Mais, selon le génie de l’Orient et la tradition des prophètes, il parlait une langue symbolique, comprise de ses lecteurs. Lui-même, dès le début de son livre, donne l’exemple des interprétations qu’il autorise, qui se perpétuent après lui. Toute l’antiquité, et avec elle tout le moyen âge, attribuaient aux métaux et aux pierres des propriétés mystérieuses, des affinités morales qui permettaient de les prendre pour des emblèmes d’autant de vertus. C’est pourquoi l’Église, si discrète dans le choix des peintures proposées aux regards des chrétiens, elle qui admit si tard dans le lieu saint les représentations de l’enfer, n’hésita pas à y reproduire de bonne heure la vision du vieillard de Patmos. De là ces admirables mosaïques qui ornent l’abside de tant de basiliques italiennes, du cinquième au treizième siècle, où la