Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/139

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que et chaste que sont venues se reposer les plus bruyantes renommées de Venise : doges, généraux, savants, peintres et sculpteurs, jusqu’à Titien et Canova. Ces hommes ambitieux, passionnés, amis des richesses, mais chrétiens après tout, ont jugé que le plus sûr était de mettre leurs tombes sous la garde de l’humilité et de la pénitence. Padoue est, comme Assise, un de ces lieux qu’une seule pensée remplit, qui vivent d’une tradition, d’un tombeau. Sans doute cette cité savante n’a oublié ni son fondateur Anténor, ni Tite Live qu’elle vit naître, ni son université vieille de six cents ans. Mais ce qui semble dater d’hier, ce qui fait l’orgueil du peuple, c’est le souvenir de saint Antoine ; le disciple bien-aimé de saint François. Antoine mourut en 1251; en 1252 il était mis au rang des saints, et en 1237 commençait à s’élever l’admirable église nommée de son nom. On ne se proposa d’abord que d’honorer sa sépulture en élevant au-dessus cet édifice étrange, avec ses sept coupoles et ses deux clochers, où l’on reconnaît l’imitation de Saint-Marc de Venise et le voisinage de l’Orient ; avec sa façade élégante et grave, dessinée par Nicolas de Pise, et les deux rosaces de sa travée, dignes des plus belles cathédrates du Nord. Mais les saints sont des maîtres exigeants qui ne laissent pas de relâche à leurs fidèles : il fallut couvrir de peintures les piliers, les murs, les voûtes. Il y eut surtout deux chapelles où la vie du