Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/140

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Sauveur, l’apostolat de saint. Philippe et de saint Jacques, les miracles du saint titulaire, formèrent une suite de tableaux pleins d’une naïveté qui n’exclut ni le pathétique ni la grandeur. Les coins les plus obscurs se peuplèrent d’images, de statues, de bas-reliefs. L’art, n’ayant plus rien à faire au dedans, finit par envahir le cloître attenant, l’oratoire de Saint-George, où deux maîtres excellents du quatorzième siècle peignirent la légende de saint George et celle de sainte Catherine ; enfin le lieu appelé Scuola del Santo, tout décoré de fresques du Titien. Rien ne charme comme ces monuments qu’on n’a jamais fini de visiter, qui réservent toujours quelque chose à la surprise du voyageur, chapelles latérales ou souterraines, cloîtres, oratoires. On y reconnaît bien ce caractère du génie, de ne jamais se contenter, et de ne jamais croire qu’il en ait assez fait pour l’expression de l’idée qui le tourmente et le ravit. En effet, l’inspiration sortie du tombeau de saint Antoine ne sut se contenir ni dans l’église qu’elle avait élevée, ni dans ses dépendances ; elle déborda pour ainsi dire dans la ville entière. Elle y attira Giotto pour peindre la charmante église de Sainte-Marie dell’Arena, le mieux conservé et peut-être le plus complet ouvrage de ce maître elle lui forma cette école de deux cents élèves qui ornèrent de leurs fresques le Baptistére, l’église des Ermites, et jusqu’à la voûte immense, du palais communal.