Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/147

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À l’entrée de l’Ombrie, et sur une colline qui domine le confluent du Tibre et de la Naja, s’élève la vieille ville de Todi avec sa cathédrale, sa place carrée et ses trois enceintes, la première en blocs cyclopéens, la seconde de construction romaine, la troisième bâtie au moyen âge pour envelopper de populeux faubourgs. Alors la commune de Todi rangeait sous son gonfalon une armée de trente mille fantassins et de dix mille chevaux ; quatorze châteaux lui assuraient l’obéissance des campagnes voisines[1]. C’est dans cette cité puissante, agitée par toutes les passions qui remuaient les républiques italiennes, qu’avant le milieu du treizième siècle la noble famille des Benedetti célébrait le baptême d’un enfant nommé Jacques. Lui-même s’est plu à décrire dans un de ses poèmes les soins qui entourèrent son premier âge, sa mère s’éveillant chaque nuit, allumant la lampe, et se penchant avec une terreur pleine d’amour sur le berceau où criait le nouveau-né. Un peu plus tard, il nous montre son père grave et rigide, usant de la verge quand l’enfant mutin tardait d’aller à l’école, et pleurait d’envie à voir les jeunes garçons jouer dans les rues. Cependant Jacques parcourait rapidement les trois degrés qui formaient encore, comme au temps des Romains, toute l’économie de l’enseigne-

  1. Orlandini, Corografia fisica, storica, statistica d’Italia, tom. X.