Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/153

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dont plus tard il reconnut la témérité. Au bout de dix ans, il comprit le danger d’un genre de vie trop indulgent pour la fougue de son caractère et pour l’indiscipline de son esprit. En 1278, il vint frapper à la porte du cloître, et voulut être admis parmi les Frères-Mineurs. Ceux-ci hésitèrent d’abord à recevoir l’insensé, et le renvoyèrent d’un jour à l’autre, jusqu’à ce qu’enfin il leur prouva son bon sens en leur apportant deux petites pièces, l’une en prose latine rimée, l’autre en vers italiens. La séquence latine disait[1]  :

« Pourquoi le monde s’enrôle-t-il sous la bannière de la vaine gloire, dont si passagère est la félicité ? -Sa puissance tombe comme le vase d’argile qui se brise.- Plutôt qu’aux vains mensonges du monde, croyez aux lettres qu’on a tracées sur la glace. —Dites que sont devenus Salomon, jadis si fameux, et Samson, le chef invincible, et le bel Absalon, et le très aimable Jonathas ? -Où est allé César en descendant de la hauteur de son empire, et le mauvais riche au sortir de son festin ?.- Que la gloire du monde est une courte fête sa joie passe comme l’ombre de l’homme. -Ô pâture des vers ô poignée de poussière ! ô goutte de

  1. Cur mundus militat sub vana gloria,
    Cujus prosperitas est transitoria ?
    Tam cito labitur ejus potentia
    Quam vasa figuli quae sunt fragilia, etc...