rosée ! ô néant ! pourquoi s’élever ainsi ? –Tu ne sais si tu vivras demain : fais du bien, fais-en à tous les hommes aussi longtemps que tu le peux. N’appelle jamais tien ce que tu peux perdre. Songe à ce qui est en haut ! que ton cœur soit au ciel ! Heureux qui sut mépriser le monde » Le style de cette petite composition n’avait rien qui la distinguât des exercices ordinaires de l’école ; mais le cantique italien, dont elle était accompagnée, étincelait de verve. Une originalité hardie, quelquefois triviale, y éclatait sous un dialecte rustique, sous un rhythme choisi pour les oreilles du peuple. La douleur et la solitude, ces deux grandes maîtresses du génie, avaient fait du jurisconsulte un poëte[1] .
« Écoutez, disait-il, une folie nouvelle dont la fantaisie me vient. -L’envie me vient d’être mort, parce que j’ai mal vécu. Je quitte les joies du monde pour prendre un plus droit chemin... -Je veux montrer si je suis un homme ; je veux me renier moi-même et porter ma croix, pour faire une folie mémorable.- La folie est telle que je vais la dire : Je veux me jeter à corps
- ↑ Jacopone, Poesie spirituali, lib. I, sat. 1
Udite nova pazzia,
Che mi viene in fantasia.
Viemmi voglia d’esser morto,
Perche io sono visso a torto
Io lasso il mondan conforto,
Per pigliar piu dritta via.