Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perdu chez des hommes rustiques et qui déraisonnent, qui déraisonnent par une sainte démence.

« Christ, tu connais ma pensée, et que je tiens à grand mépris le monde où je restais dans le désir de bien savoir la philosophie. Je prétendais savoir la métaphysique afin de pénétrer dans la théologie, et de voir comment l’âme peut jouir de Dieu en passant par tous les degrés de la hiérarchie céleste. Je prétendais pénétrer comment la Trinité n’est qu’un seul Dieu, comment il fut nécessaire que le Verbe descendît dans Marie. La science est chose divine c’est un creuset où se purifie l’or de bon aloi. Mais une théologie sophistique a fait la ruine de plusieurs. Or écoutez ce que je viens de penser : « J’ai résolu de passer pour stupide, ignorant et dépourvu de sens, et pour un homme plein de bizarrerie, Je vous laisse les syllogismes, les piéges de paroles et les sophismes, les questions insolubles et les aphorismes, et l’art subtil du calcul. Je vous laisse crier à votre aise, Socrate, et toi, Platon, épuiser votre haleine, argumenter de part et d’autre, et vous enfoncer dans le bourbier. Je laisse l’art merveilleux dont Aristote écrivit le secret, et les doctrines platoniciennes, qui le plus souvent ne sont qu’hérésies.– Une intelligence simple et pure s’élève toute seule, et, sans le secours de leur