Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/201

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« tu les observe toutes et là où tu ne trouves pas la loi, tu la mets. Oui, tout acte est licite, mais non pas à toute personne au prêtre le sacrifice, au mari le lit nuptial, au podestat le glaive. Qui vit sans loi, sans loi périra. Il court à l’enfer, celui qui prend ce chemin. Là vont s’entasser tous les désordres détestés de Dieu ceux qui ensemble péchèrent, ensemble souffriront[1] . » J’ai tenté de faire connaître, par une rapide analyse, les poésies mystiques de Jacopone, et cependant je crains de les défigurer en les analysant,

  1. Jacopone, lib. V, 23, stances 18, 52, 34, st. 8.

    Vuol amor che cosi sia,
    Che noi stiam contenti al quia ;
    Ma impero che tutta via
    Noi ne sforziamo di fare.

    Je remarque ici une locution que Dante reproduira

    State contenti, umana gente, al quia.

    Purgatorio, III, 37 .

    Lib.V, 1 :

    Amore contrafatto
    Spogliato di virtute.

    Quelquefois les chants de Jacopone rappellent les plus belles pages de l’Imitation. Ainsi, quand il donne à l’âme deux ailes pour monter à Dieu, savoir, la chasteté du cœur et la pureté de l’intelligence (lib. V, 55), on reconnaît un passage admirablement traduit par Corneille.

    Pour t’élever de terre, homme, il te faut deux ailes,
    La pureté du cœur et la simplicité ;
    Elles te porteront avec facilité
    Jusqu’à l’abîme heureux des clartés éternelles.

    Imitation, Liv. II, chap. IV.