appeller la Sainte, mon cœur s’enflait d’orgueil, et c’est pourquoi Dieu m’a réprouvée. » Une autre fois c’est la Pauvreté qui parle. Dieu son père l’envoie visiter toutes les conditions, pour voir si elle y pourra trouver asile. Elle a commencé par les prélats mais ceux-ci ne pouvaient soutenir ses regards, et l’ont fait chasser par leurs gens. Elle entendait chez les religIeux de grandes psalmodies, mais elle les a trouvés couverts de bons manteaux, et nul n’a voulu lui prêter l’oreille. « Mes frères, disait-elle, souvenez-vous que vous avez promis au Christ de le suivre toujours. » Et les Frères ont répondu « Si tu ne sors au plus vite, on te fera bien voir qu’autre chose est dire, autre chose faire. » Enfin, la Pauvreté frappe à la porte des religieuses. Mais rien qu’à voir cette figure pâle et maigre, les nonnes se sont signées. « Dieu vous bénisse, mes sœurs ! Jadis j’habitai cette maison ; j’y trouvai beaucoup d’honneur et de repos. Maintenant elle me semble toute changée, et je ne reconnais ni les meubles ni les visages. » « Que «veut cette odieuse vieille ? » s’écrient les Sœurs et le valet du couvent la congédie à coups de bâton. Cette ironie, qui en d’autres temps est devenue le langage de l’impiété, convenait à une époque où la vie spirituelle menaçait de périr étouffée sous les richesses, comme le bon grain sous les épines. Saint Bernard ne pouvait croire que les Pères eussent toléré toutes les superfluités qu’il voyait chez
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